Perle du sud : Jules César, le retour !

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Chaque fois, une exposition est une sorte de question posée...

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ARCHÉOLOGIE | Le Musée départemental de l’Arles antique montre vingt ans de découvertes fluviales. Un colossal succès public. Déjà 300?000 visiteurs.

ÉTIENNE DUMONT | 09.08.2010 | 17:17

Il avait des arcades sourcilières de primate, le cheveu rare, la joue creuse et la pomme d’Adam proéminente. Jules César prenait du coup très bien la lumière, à en juger par l’exposition arlésienne où le visiteur peut découvrir son buste. Ce marbre a été retrouvé dans le Rhône en 2007. Il s’agit de la plus prestigieuse des centaines de trouvailles effectuées sur le lit du fleuve depuis vingt ans.

Promise depuis longtemps, l’exposition «César, le Rhône pour mémoire» fait depuis octobre 2009 un malheur au Musée départemental Arles antique qui se dresse, avec ses architectures bleues, au bout de l’ancien hippodrome. Ce ne sont pas moins de 300?000 visiteurs qui se sont déjà laissés tenter. Très réussie, très graphique, très bien expliquée, la manifestation se voit du coup prolongée jusqu’en 2011.

Une ville double

Comme peut le découvrir le public lors des films projetés dans les salles, les plongeurs n’ont pas eu la tâche facile. Il leur a fallu lutter contre les courants, nettoyer la vase (et les vases) ou remonter à la surface d’énormes blocs, en évitant si possible les bateaux de passage.

Le jeu en valait la chandelle. On est aujourd’hui sûr que la cité s’étendait sur les deux rives du fleuve, ainsi que l’écrivait l’historien Auzone au IVe siècle. «Une ville double». Seulement voilà! Si la rive gauche, à l’abri de fortifications, possède encore de célèbres monuments (même si l’arc de triomphe de Constantin a été stupidement abattu au XVIIe siècle), il n’en va pas de même pour l’actuel Trinquetaille. Les invasions des VIe et VIIe siècles ont tout détruit. Pour que ce faubourg, couvert d’entrepôts fluviaux dans l’Antiquité, reprenne vie, il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle.

Objets et textes parlent au public d’une grande ville cosmopolite faisant usage de port. Les vaisseaux y descendaient vers la mer, alors plus proche qu’aujourd’hui. Ils en remontaient aussi, au prix d’un pénible halage. Autant dire qu’il s’agissait d’une place d’affaires. Arles restera d’ailleurs une ville très importante au haut Moyen Age. On la trouve alors à la tête d’un territoire allant jusqu’à Genève.

Un seul autre exemplaire connu

Mais pourquoi le nouveau buste de César, devenu la Joconde du musée, est-il au fait si important? Parce qu’il s’agit d’une pièce rare. On connaît certes environ 200 bustes de l’auteur de «La guerre des Gaules». Mais une vingtaine au plus est réellement antique. Il s’agit en plus de portraits rétrospectifs. Ce n’est qu’à partir d’Auguste que l’effigie impériale pourra se multiplier.

Jusqu’ici, on ne considérait comme contemporain de César le seul marbre découvert en 1825 à Tusculum et aujourd’hui montré à Turin. Il s’agit d’une œuvre de qualité assez moyenne. Celle d’Arles, qui lui correspond en tous points, apparaît infiniment supérieure. Normal donc qu’elle se retrouve photographiée deux fois par minute à Arles.

Un très important catalogue accompagne bien sûr la manifestation. Il est sorti, ce qui n’étonnera personne, aux Editions Actes Sud.

Où? Quand Comment?

«César, le Rhône pour mémoire», Arles, Musée départemental Arles antique, presqu’île du Cirque romain, prolongé jusqu’au 2 janvier 2010. Site www.arles-antique.cg13.fr ou www.cesar-rhone.fr Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 10h à 18h.

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