LEGRAND Espaces transitionnels de socialisation 1989
LEGRAND Espaces transitionnels de socialisation 1989
Traditionnellement la socialisation a été essentiellement envisagée sous le seul angle de l’éducation des enfants. Un manuel de sociologie (Mendras, 1975) s’attache ainsi surtout à « l’étude des méthodes d’élevage, d’éducation et d’enseignement ». Sans nier l’importance de cette socialisation des tout premiers âges de la vie, importance attestée par les découvertes de la psychanalyse, il convient de prendre sérieusement en compte les socialisations de la vie dite « adulte ». Avec P. Berger et T. Luckmann nous distinguerons donc les socialisations primaires, celles de l’enfance par lesquelles on devient membre d’une société, et les secondaires qui permettent à un individu de s’adapter à de nouveaux rôles sociaux.
La première conception se fixe au terme de l’adolescence, là où la personne est censée devenir adulte et reproduire elle-même le processus vis-à-vis d’une nouvelle génération, celle des enfants. Bien sûr cette conception s’appuie sur une philosophie de l’éducation vue comme préparation à l’« entrée dans la vie », et avec G. Lapassade (1963) nous avons envisagé comment cette figure de l’adulte-étalon, modèle de maturité et de responsabilité, s’avère un masque trompeur venant écarter celle d’un homme fondamentalement en état d’inachèvement.